Nous n’abordons pas ici le mariage "civil", dont les formalités légales sont accomplies devant les comités populaires de commune et, pour les mariages mixtes, devant les comités populaires de province.
Le mariage évoqué dans ce chapitre est le mariage traditionnel et rituel.
Le mariage traditionnel vietnamien
Jusqu’à une époque récente le mariage avait pour but principal de perpétuer le nom du clan, sa souche et son culte ancestral. Il devait donc être aussi précoce et aussi prolifique que possible et la naissance d’un enfant est toujours une heureuse nouvelle. Le bonheur familial se mesurait en effet par le nombre d’enfants qu’on avait.
Les pourparlers entre les familles qui désirent s’allier sont presque toujours confiés à des entremetteurs. S’ils prennent bonne tournure, on échange les huit cycliques indiquant l’heure, le jour, le mois et l’année de la naissance du jeune homme et de la jeune fille. Si l’examen horoscopique n’est pas défavorable, c’est que le sort du futur couple est bien d’être mari et femme. On accomplit alors trois rites essentiels : la demande en mariage, les fiançailles et la célébration du mariage.
Pour la demande en mariage, la famille du futur époux envoie une petite délégation (composée de l’un des parents et de quelques membres du clan) qui rend visite à la famille de la fiancée. Cette rencontre entre les deux familles est l’occasion de se connaître, de vérifier le consentement de chacune et de mettre au point les modalités des deux rites suivants.
Pour les fiançailles au Vietnam
Une autre délégation de la famille du fiancé rend visite à la famille de la fiancée et apporte des offrandes destinées au culte des ancêtres de cette dernière. On considère en effet qu’il est indispensable de requérir non seulement le consentement des parents de la fiancée mais également celui de ses ancêtres défunts. Les offrandes varient d’une région à l’autre mais doivent comporter obligatoirement quelques chiques de bétel, des noix d’arec, un peu d’alcool de riz et des bâtons d’encens.
Le mariage est une double cérémonie privée : devant l’autel des ancêtres de la famille de la fiancée et devant ses parents, puis devant l’autel des ancêtres de la famille du fiancé et devant ses parents. Le lendemain du mariage a lieu la « visite du deuxième jour » (Lá» lại mặt) chez les parents de la mariée, visite qui constitue une occasion pour le marié de rendre hommage à ceux qui ont donné naissance à son épouse.
De nos jours, l’union libre devient le mot d’ordre des jeunes et le libre consentement une condition du mariage imposée par le législateur. Mais la famille joue toujours un rôle prépondérant dans le mariage. Les rites traditionnels et familiaux décrits ci-dessus continuent en effet d’être les principales étapes d’un mariage socialement correct, et le divorce, bien qu’il soit peu fréquent, ne peut avoir lieu si la grande famille s’y opposent. La structure familiale voulue et établie à travers les siècles par le confucianisme ne peut disparaître, malgré le modernisme et l’individualisme croissant, du jour au lendemain.