L'alcool de riz chez les minorités ethniques
“L’homme qui ne boit pas d’alcool est pareil à un drapeau sans vent” dit un proverbe vietnamien.
Le vent souffle alors au Vietnam et même très fort ! Mais ne vous y trompez pas, c’est un souffle de convivialité, de franche camaraderie et de bonne franquette qui souffle sur les villes et les campagnes du Vietnam. L’alcool de riz fait indiscutablement partie de la culture vietnamienne.
Cette boisson accompagne les Vietnamiens, hommes pour la très grande majorité, dans leur vie quotidienne autant pour le côté festif et convivial qu’en tant qu’offrande pour rendre le culte aux ancêtres. Cet alcool est aussi consommé dans d’autres pays asiatiques, où il trouve sa véritable origine au Japon (le fameux saké), en Chine ou en Corée.
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La fabrication de l’alcool de riz vietnamien
Sa fabrication remonte à la nuit des temps et sa méthode de fabrication n’a guère changé depuis. L’alcool de riz vietnamien est distillé en général à partir du riz, de préférence du riz gluant. Le riz est cuit à la vapeur, refroidi, mis à fermenter puis il est saupoudré de ferments avant d’être distillé.
L’alcool de riz ainsi obtenu s’appelle alors le « ruou trang » (l’alcool blanc), à différencier des autres alcools de riz parfumés aux fruits, aux herbes, aux plantes ou aux fleurs. Par contre, si l’alcool de riz est issu seulement de la fermentation on parlera alors de « ruou can », beaucoup moins fort que le blanc.
Toutefois, dans certaines régions montagneuses du Nord habitées pour les minorités ethniques, comme à Bac Ha, on utilise souvent le maïs pour faire de l’alcool. Fort et rugueux, il faut avoir le gosier bien entraîné avant de se lancer dans sa dégustation. L’alcool est ensuite stocké dans des jarres en terre-cuite, des bidons ou des bouteilles.
Alambic artisanal pour la distillation de l'alcool de maïs
A la campagne et dans les zones montagneuses reculées la production d’alcool de riz est très artisanale, beaucoup de familles produisent elles-mêmes leur alcool de riz pour leur propre consommation et chacun d’elle a sa recette propre.
Les marchés ethniques du Nord du Vietnam
Il y a souvent un secteur du marché qui est dédié à la vente d’alcool de riz ou de maïs. Et même si l’alcool de riz est une affaire d’hommes, ce sont les femmes qui le vendent ! En ville, on voit l’émergence d’alcool de riz haut de gamme macéré avec des herbes traditionnelles, des fruits, des épices et des plantes. Le plus fameux est la marque Son Tinh.
L’alcool de serpent, spécialité vietnamienne
Est considéré comme un élixir médicinal ou plutôt aphrodisiaque. Dans une jarre ou une bouteille d’alcool de riz, on fait macérer un ou plusieurs serpents venimeux. L’infusion dure plusieurs mois.
Et pour obtenir un élixir plus puissant certains y ajoutent des scorpions, tortues, oiseaux et autres petites bestioles. Son efficacité n’a jamais été réellement prouvée mais la consommation d’alcool de serpent est coutumière des hommes vietnamiens qui veulent montrer leur virilité ou en cherche une.
Le fameux alcool de serpent
Boire l’alcool de riz
Nouvel an, mariage, décès, naissance ou pour simplement un repas en famille ou entre amis, l’alcool de riz est de tous les repas et de toutes les fêtes comme l’est le vin en France. On le verse dans de petites tasse à thé ou de petits verres et il se boit généralement cul sec après qu’un joyeux « sức khá»e », santé en vietnamien, lancée par l’assistance donne le départ des réjouissances. Les verres s’enchaînent, le Vietnamien de prime abord réservé se détend, les conversations s’animent, les visages rougissent, les langues claquent.
Boire de l’alcool au Vietnam est un acte social et culturel.
On ne boit jamais de l’alcool de riz en solitaire mais toujours en communauté pour célébrer quelque chose, même le temps qui passe. On le boit avec des plats traditionnels vietnamiens, souvent composé de riz blanc, de légumes et de viandes.
Toutes les classes sociales consomment de l’alcool de riz au Vietnam, breuvage traditionnel profondément ancré dans la culture vietnamienne. Même chez les lettrés, boire de l’alcool de riz est un plaisir noble au même titre que la poésie, les échecs ou la musique. Dans ce cas, on le boit lentement, à petites lampées et on se laisse alors à improviser quelques poèmes entre amis.
Sur les marchés ethniques des régions montagneuses du Nord du Vietnam les hommes se réunissent pour boire quelques verres d’alcool de riz ou de maïs. Vivant pour chacun dans des contrées isolées, se rendre au marché permet de se retrouver, d’échanger des nouvelles, de tisser du lien social. Les retrouvailles sont bien souvent très arrosées et le chemin du retour peut s’avérer long et difficile.
Chez d’autres ethnies du Nord et des Hauts Plateaux du Centre, on boit lors de fêtes du « ruou can », de l’alcool de riz fermenté entreposé dans une jarre en terre-cuite. La jarre est ensuite posée au milieu de la pièce principale de la maison et les invités se présentent autour de la jarre. Chaque invité dispose d’une longue paille en bambou avec laquelle il aspire avec les autres convives le précieux breuvage. Pour se témoigner leur amour mutuel, il n’est pas envisageable de changer de paille si quelqu’un venait à prendre votre place pour boire à son tour dans la jarre.
Les voyageurs qui séjournent chez l’habitant durant leur voyage au Vietnam ne coupe pas à la tradition de boire au moins un verre avec la famille d’accueil. Une tradition fort sympathique et toujours pleine de convivialité sincère.
Partager un verre d'alcool de riz, toujours un grand moment de convivialité