Les proto-indochinoises, Cambodge
Il existe au Cambodge des populations reculées, cantonnées dans les montagnes ou les forêts, dont le niveau culturel est assez semblable.
En effet, du point de vue ethnologique, on constate une certaine unite :
- L'organisation est tribale, souvent limitée à un village ou à un ensemble de villages.
- L'alimentation est basée sur la chasse, la pêche et la cueillette, ainsi que sur une piètre culture du riz de montagne, sans irrigation, sur brulis ou par essartage.
- Ils parlent des dialectes différents d'un groupe à l'autre, mais de plus, ceux-ci se rattachent à des familles linguistiques diverses (l'austro-asiatique et l’austronésien) ce qui semble traduire des influences étrangères.
- Ils pratiquent l’animisme, et pour les plus "khmérisés", le bouddhisme Theravada.
- On les désigne officiellement sous le nom de Khmers-leu (ou Khmers de la montagne), et, pour celles qui ne le sont pas encore, les autorités essaient de les intégrer à la culture et vie sociale khmère.
On peut ainsi distinguer :
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Les ethnies du Nord-Ouest
Ce sont les Samrê (" tatoués") qui, avec les Pear, sont les véritables primitifs Proto-Indochinois du Cambodge. Ce groupe ethnique est à la fois voisin et distant des Khmers.
On trouverait encore des Samrê au nord de Siem Reap, au pied des Monts Koulen.
Ils semblent s'être fondus dans le peuple et la culture khmère et avoir perdu leur dialecte particulier.
Les ethnies de l’Ouest
Ce sont les Pear, qui comprennent deux groupes, l'un à l'ouest, entre Pailin et Kranhung, l'autre à l'est, sur le versant septentrional des Cardamones. Leur nom signifierait "homme de couleur". La tradition, confirmée par l'analyse anthropologique, en fait des descendants de Samrê, originaires des environs d'Angkor. Eux aussi sont bien intégrés à la culture khmère.
Les ethnies du Nord
Ce sont les Kouy, terme qui signifierait "hommes libres". Ils habitent un triangle situé au nord de Kompong Thom et débordent sur la frontière thaïlandaise.
Physiquement, les Kouy ressemblent beaucoup aux Khmers, avec des traits légèrement plus fins et moins mongoliques. Leur niveau culturel a longtemps été le plus avancé des autres ethnies primitives et sont aujourd’hui complètement intégré.
Les ethnies du Nord-Est
Plusieurs groupes vivent dans cette région restée longtemps isolée et difficilement accessible.
- Les Kravet, qui débordent sur le Laos au nord et seraient racialement à part, sans doute proches des Khas du Laos.
- Les Brao, habitant la zone frontalière Cambodge-Laos-Vietnam. On les trouve à Stung-Treng et dans le Ratanakiri. Anthropologiquement ils sont très près des Pear et des Samrê, donc des Khmers.
- Les Tampuan, groupés autour de la ville de Bakéo.
- Les Stieng, qui vivent de part et d'autre de la frontière Cambodge-Vietnam.
- Les Jaraï, localisé également non loin de la frontière avec le Vietnam. Ils ont subi une nette influence des Cham historiques, mais ont su conserver presque intacte leurs traditions et culture.
Les S’aoch, ethnie du Sud-Est
C'est dans la presqu'île de Véal Rinh, à l'ouest de la province de Kampot, que subsistent les derniers membres d'une des plus anciennes minorités du Cambodge : les S’aoch. Ils seraient apparentés aux "Chong Khnâng Phnom", peuple des collines habitant le versant sud des Cardamones. Entre eux, ils se désignent d'ailleurs par le terme "Chong" et refusent d'employer le terme "S’aoch", un terme khmer très péjoratif dont ils ont probablement été affublés à une époque lointaine et qui désigne une maladie de la peau. Ce terme est très révélateur du regard porté historiquement par la société khmère sur ce groupe ethnique, comme l'illustre la lecture des témoignages anciens venant de différentes époques, où transparaît constamment une forme de mépris.
Aujourd'hui, il ne reste qu'une centaine de S'aoch qui vivent de manière précaire dans le village de Samrong Leu; certaines des coutumes évoquées dans ces textes anciens ont déjà disparu de leur mémoire mais c'est l'ensemble de leurs traditions qui se trouve menacé d'oubli. Comment en est-on arrivé à cette disparition annoncée et inéluctable d'une culture? Au premier rang des coupables, c'est bien la brutalité politique extrême du régime de Pol Pot qui semble avoir scellé le sort du peuple S'aoch en quelques années entre 1975 et 1979.
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