Pour les Khmers, qui sont pour la plupart bouddhistes, la vie terrestre n’est qu’un moment dans une longue existence jalonnée par des incarnations successives qui ne se terminent qu’au jour de l’anéantissement final. A l’instant même de la mort du corps qui l’abrite, l’âme se réincarne dans un nouveau corps. Une âme qui a habité un corps humain peut se réincarner dans une forme animale ou dans une plante.
Au moment de se séparer de son enveloppe terrestre, l’âme est libre de choisir l’état dans lequel elle reviendra dans ce monde, mais le désir qu’elle exprime s’accomplira à ses risques et périls. Si elle choisit une condition au-dessus de ses capacités, elle peut faillir à ses obligations et à ses devoirs, commettant ainsi des fautes susceptibles de lourdes sanctions dont l’envoi à l’enfer irrémissible.
Les âmes qui ne tombent pas dans cette extrémité doivent, d’incarnation en incarnation terrestre, justifier d’une épuration évolutive jusqu’au moment où l’épreuve n’est plus nécessaire et où elles cessent de se réincarner.
Pour résumer, chaque corps humain n’est que l’enveloppe terrestre provisoire d’une âme. Chaque être vivant se trouve dans la condition que lui permet le degré d’évolution de son âme. Il doit donc accepter la situation qu’il occupe sur la terre, car elle lui est assignée par la justice divine.
La conception de la vie telle qu’elle vient d’être présentée très sommairement explique la superstition des cambodgiens. Leur monde est rempli de génies de toute sorte : génies domestiques, génies des fleuves et cours d’eau, génies des forets… Ces génies sont souvent protecteurs et se laissent fléchir moyennant quelques cérémonies propitiatoires.