Le temple de Banteay Srei
La langue khmère appartient au groupe des langues môn-khmères, comprenant le vietnamien et le môn de Birmanie notamment. Le khmer, appelé parfois cambodgien, est une sous-branche de la famille austro-asiatique qui englobe l’Asie du Sud-Est. Le khmer est la langue majoritaire alors que le vietnamien, le chinois et le cham constituent les seules langues minoritaires d’importance bien que dans ce pays multi-ethnique de nombreux dialectes soient parlés. Possédant une très forte assise historique, tout voyageur désireux de connaitre l’histoire et la culture du Cambodge s’intéressera aux bases de la belle langue khmère.
Carte des langues austro-asiatiques, le khmer apparaît en cyan
*Source: Geographical distribution of the Austro-Asiatic phylum. Classification according to Sidwell (2009). Arnold Platon
Sommaire masquer
Ses caractéristiques générales
Historiquement, le khmer a été influencé par le sanskrit, puis par le pali durant l’indianisation de la péninsule indochinoise à partir du IIème siècle. Le pali était devenu la langue liturgique du Cambodge après l'adoption du bouddhisme Theravada en remplacement de l'hindouisme au XVème siècle. Le déclin de l’Empire angkorien à partir du XIVème siècle s’accompagne d’une rupture culturelle, puisque le vieux khmer tombe rapidement dans l’oubli. Devenue une sorte de langue noble, totalement incompréhensible au commun des mortels, elle est encore en usage au Palais Royal.
Contrairement aux autres langues du sud-est asiatique, notamment le vietnamien l’autre grande langue môn-khmer, le khmer est mono-tonal. Alors qu’en vietnamien un mot peut prendre cinq significations différentes suivant l’intonation, le khmer s’affranchit de cette gymnastique.
La langue khmère s’allège également de règles grammaticales, comparé à la langue française. Langue isolante, les règles de grammaire sont en effet très simples : ni article, ni nombre, ni pronom, ni temps, ni conjugaison. Quant aux verbes, ils ne sont employés qu’à l’infinitif auxquels on ajoute une information pour indiquer le temps ou pour marquer le passé ou le futur. Mais, le locuteur doit adopter des termes différents suivant le statut social et du degré de familiarité avec la personne à qui il s'adresse. Des formules de politesse qui furent abolies en 1975 par le régime des khmers rouges lorsque Pol Pot imposa une révolution linguistique. Le régime de Pol Pot arguait qu’il fallait une langue démocratique pour une société démocratique, où le vocabulaire militaire avait tout envahi. Une rizière était alors « un champs de bataille avancé ». La centaine de mots issus du français étaient bien évidemment proscrits.
Malgré une importante homogénéité linguistique, on note des différences régionales marquées par des différences d’accents. On distingue :
- Le khmer lœu (parler des montagnes, comme au Mondolkiri et Ratanakiri notamment)
- Le khmer kandal (parler du centre dit « national », berceau de la culture khmère)
- Le khmer Tonlé Sap (parler autour du grand lac d’eau douce Tonlé Sap)
Les différents parlers du Khmer
La langue khmère est parlée par l’ensemble des habitants du royaume du Cambodge, à l’exception de certaines minorités ethniques, mais également en dehors de ses frontières où vivent des communautés khmérophones. C’est le cas dans le sud du Vietnam, dans certaines provinces du delta du Mékong comme Soc Trang, Tra Vinh ou encore Chau Doc. Trois grands foyers de la culture khmère où l’on parle le khmer krom. On trouve également d’importantes communautés khmérophones en Thaïlande dans les provinces frontalières du Cambodge et notamment dans la province thaïlandaise de Surin on l’on parle le khmer surin.
L’écriture khmère
Le système d'écriture du khmer est alphasyllabique, l’ensemble de signes utilisés pour représenter les phonèmes d'une langue, et est dérivé du brahmi tout en se rapprochant des écritures lao et thaï. L’écriture khmère, assez stylisée, repose sur les caractères de base comprenant 33 consonnes et 38 voyelles où il faut distinguer les voyelles dépendantes, qui doivent toujours aller de pair avec une consonne, des voyelles dépendantes d’usage plus rare qui peuvent être utilisées seules sans être liées aux consonnes et qui possèdent un sens significatif propre. L’alphasyllabaire khmer tire sa source du sud de l’Inde et provient du Vatteluttu, une écriture arrondie.
Sur le plan syntaxique, on observe une position rigoureuse des mots dans la phrase avec sujet, verbe et complément où le déterminant suit le déterminé. Exemple : maison moi (ma maison). Pour la négation, deux particules sont utilisées, l'une placée avant le verbe, l'autre à la fin de la phrase.
Timbre de 1985 avec une inscription en écriture khmère
Mots à savoir
Commençons par les chiffres, indispensable pour négocier les prix.
1- moï ; 2- pi ; 3- baï ; 4- bôn ; 5- pram ; 6- pram moï ; 7- pram pi ; 8- pram baï ; 9- pram bôn ; 10- dap.-
Bonjour : sou sdey
Comment allez-vous ? neak sok sabay té ?
Très bien merci : sok sabay, orkun
D'où venez-vous ? neak mok pi na ?
Comment vous appelez-vous ? teuï neak chhmours avey ?
Parlez-vous français ? teuï neak niyeay baraing té ?
A bientôt : bântech teat tchuop knea
Au revoir : lea sén heuy
A demain : tha-ngaï saèk tchuop knea
Je ne vous comprends pas : kniom mïn yuol pi neak té