Guide culturel du Vietnam

Les Ede à Dac Lac
Famille Ede dans les Hauts Plateaux du Centre du Vietnam


Origine et population des Ede

Les Ede vivent principalement dans les Hauts Plateaux du Centre du Vietnam. Ils font parti du groupe malayo-polynésien et se composent actuellement d'environ 271.000 habitants.

Les Ede habitent depuis toujours dans les maisons sur pilotis. Cette maison s’étend en longueur, la porte d’entrée étant pratiquée dans l’une des plus longues parois. L’ensemble a la forme d’une barque reposant solidement sur des colonnes de bois, sans charpente apparente. Les bestiaux sont enfermés au-dessous du plancher. Le grenier est construit à part.

La tenue traditionnelle des Ede

Chez lui ou au travail, l’homme porte pour tout vêtement un langouti. Il laisse les pieds nus et noue ses cheveux dans un turban. Quand il sort ou reçoit un visiteur, il porte un langouti spécial avec une espèce de long rabat brodé de bandes décoratives dont le nombre et la beauté font la valeur du vêtement. Les deux bouts du langouti sont ornés de quelques rangées de perles de verre blanches et de longues franges. Les vestes ont des coupes variées, à manches longues, à manches courtes ou sans manches, mais toutes s’enfilent en passant par-dessus la tête. Elles sont largement décolletées, fendues sur les côtés et pourvues de longs pans tombant jusqu’à mi-cuisse. Sur la poitrine, des fils rouges sont cousus sur la veste de manière à former boutonnières et boutons, l’ensemble constitue une plage décorative ayant la forme d’un trapèze, dont la petite base est en bas, appelé kier-boh-nut. Image selon certains, d’un aigle en vol, motif très répandu dans l’art décoratif Ede. Dans la saison froide, on se drape souvent dans une couverture.

La femme porte un pagne et une veste qui s’arrête à hauteur de la ceinture. Elle laisse pousser les cheveux et les coiffe en chignon. Le pagne est orné de bandes décoratives horizontales. L’indigo foncé est la couleur traditionnelle de l’habillement Ede sur laquelle se détachent les motifs pour la plupart tissés.  Hommes et femmes portent toujours quelques bracelets en cuivre, souvenirs du mariage, d’une cérémonie de prestation de serment ou d’un sacrifice aux génies.

Les coutumes des Ede

Les Ede sont plutôt implantés dans de grands villages et les maisons forment des groupes denses. La principale plante alimentaire est le riz ordinaire cultivé surtout en assolement sur des brûlis et sur des rizières sèches.

Les brûlis des Ede pour la plupart se trouvent dans des pans de forêt peu inclinés où pousse l’herbe à paillote. Chaque brûlis peut-être cultivé de 10 à 15 ans puis laissé en jachère pendant un temps analogue. La période de repos dépend par ailleurs de la superficie des terres cultivables par roulement que chaque famille a pu défricher. Sur les brûlis on pratique la pluriculture. Les graines de citrouilles, de courges, de melons, de coton… sont souvent mélangées avec des graines de paddy et jetées dans le même creux. En dehors du riz, on cultive encore le mais, la patate douce…

Dans la région autour du lac Lak et les bassins des rivières Krong Kno, Krong Ana… où sont exploitées les rizières inondées, on pratique le piétinement de la terre par les buffles et le repiquage des plants de riz.

L’élevage des bestiaux et des volailles, buffles, bœufs, chèvres, porcs, poules, canards… vise surtout à approvisionner les sacrifices et les fêtes annuelles. Le métier d’appoint répandu dans toutes les familles est la vannerie.

Dans presque tous les villages, il y a une forge qui fonctionne pendant la récolte et se charge de la réparation des instruments aratoires.

Quand ils trouvent de l’argile, les Ede savent fabriquer des jarres, des marmites, des bols… pour leurs propres besoins. Mais cette poterie qui ne connait que des techniques rudimentaires est sur le point de disparaitre complètement. Seul le tissage sur des métiers très rudimentaires est encore répandu, fournissant des étoffes belles et très résistantes.

Les Ede se groupent en « buon », l’équivalent du village viet. Une vingtaine de maisons pour les petits, de 50 à pour les grands. Chacun est une unité socio-culturelle. Dans certaines localités, il existe encore des unités de peuplement plus petites appelées « alu » - hameaux. Chaque village possède ses propres terres appelées « ala buon » - terre du village, propriété commune de la communauté villageoise.

Au point de vue social, le village Ede est essentiellement une communauté de voisinage englobant des maisons liées les unes aux autres par des relations d’alliance ou de voisinage. Chaque maison longue abrite une grande famille matrilinéaire ou une commune familiale matrilinéaire sous l’autorité d’une « khoa sang ». La « khoa sang » est la femme la plus âgée, respectée, qui sait diriger les affaires communes et régler les conflits internes. Elle est responsable de la garde de la prospérité commune dont fait partie le patrimoine laissé par les ancêtres, séries de gongs en cuivre, jarres anciennes pour préparer la bière de riz, grand fauteuil formé d’un seul tronc de bois et réservé  à la « khoa sang », tabourets réservés aux hôtes aux musiciens.

Les Ede pratiquent un polythéisme primitif. Dans leur panthéon, les Génies Ae Adie et Ae Du sont les plus adoptés. Les fêtes annuelles sont liées au culte de l’âme du riz, du Génie du Sol, du Génie de l’Eau et du Génie du Feu. Ils adorent encore le roi du Feu et le roi de l’Eau, concepts qui chez les Ede n’ont rien à voir avec Cour ou Etat mais traduisent une certaine conception du monde.

La littérature et les arts populaires des Ede

La littérature et les arts populaires Ede sont riches et originaux. Les traditions orales, mythes, légendes, chansons lyriques, proverbes, dictons, épopées, contes, etc sont remarquables, notamment les légendes sur la présence des Ede sur le plateau de Dak Lak comme « Origine de Bang Adrenh »,  « Origine de la montagne Yang Sinh »… et des dictons et proverbes ayant traits aux coutumes (klei due bhian kdi). Les épopées (khan) ont été recueillies : l’épopée de Dam San, l’épopée de Trang Quang (Dam Kteh Mlan), Sing Nha, Dam Di, Khing Juh, Dam Thih, etc.

Dans les chansons populaires, on remarque les airs mmuinh, kut kdja….Les instruments de musique comprennent des gons plats, des gons à bosse, de grands tambours, des flûtes, des flageolets, des cornes, des instruments à cordes dont la caisse de résonnance est une calle basse vidée.

Les arts plastiques se signalent par des motifs ornementaux en fils de couleur sur fond d’étoffe, les sculptures sur bois faisant partie de l’architecture des maisons, ou ornant les maisons funéraires.   

Découvrez d'autre ethnie minoritaire dans les Hauts Plateaux du Centre : les Mnongs 

Source : DANG Nghiem Van, CHU Thai Son et LUU Hung, Ethnies minoritaires du Vietnam, 2010, The Gioi, Hanoi. 

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