La province de Phongsaly

Enclavée entre la Chine et le Vietnam, la province de Phongsaly est la plus septentrionale du Laos. Elle est considérée à juste titre, comme un des derniers diamants bruts du Laos. Phongsaly, territoire de nombreuses minorités ethniques, a su préserver sa beauté naturelle, grâce à un relief tourmenté qui en rend l’accès difficile. Avis aux amateurs de randonnée et de rencontres captivantes !

La meilleure période pour découvrir cette fabuleuse région, s’étend de novembre à avril, durant la saison sèche. Pendant la saison des pluies, de juin à octobre, la rivière Nam Ou gonflée d’eau est souvent pas navigable et les chemins de randonnée deviennent de véritables bourbiers

Phongsaly, capitale éponyme de la province

Située sur les hauteurs du mont Phu Fha (1600m d’altitude), Phongsaly jouit d’un climat frais, voir très frais en décembre et janvier, tout au long de l’année. Le charme de la ville tient à son vieux quartier, petit dédale de quelques rues pavées cahoteuses et tortueuses, où subsistent de vieilles centenaires en bois et en pierre d’architecture du  Yunnan, désormais rare de trouver dans le Yunnan lui-même.

La plupart des habitants de Phongsaly appartiennent au groupe ethnique Hor qui parlent un dialecte chinois proche du Yunnanais. D’ailleurs, jusque dans les années 1970, il y a eu un consulat chinois à Phongsaly. Peu de curiosités à voir dans la ville même si ce n’est le « Musée des groupes ethniques de la province de Phongsaly » qui vous présente la richesse culturelle et les traditions des nombreuses ethnies qui peuplent les montagnes environnantes. Pour vous rendre de sa situation géographique si particulière, dominée par des massifs montagneux, faîtes l’effort des 45 minutes de marche jusqu’au sommet du mont Phu Fa où se trouve un stupa qui offre une magnifique panoramique sur la ville et son environnement. Une ville du bout du Laos où durant l’époque coloniale les soldats français indisciplinés y été envoyés comme punition.

L'ancienne route du thé

Située sur l’ancienne route des épices et du thé, la province est réputée pour la finesse de son thé pu erh. La particularité de ce thé est de pousser sur des arbres vieux de plus de 400 ans. Seules les femmes, plus légères, sont autorisées à grimper dans les arbres fragiles pour y récolter les précieuses feuilles. Le village de Ban Komaen situé à 18 kilomètres de la ville de Phongsaly est le plus grand et le plus ancien jardin à thé de la province. On dénombre plus de 48000 théiers s'étageant sur des pentes abruptes, sur une superficie de 70 000 hectares. Une route à parcourir en scooter pour les plus aventureux. 

La culture du thé apporte à ce village et à la région, une relative prospérité qui fait cruellement défaut à tant d'autres endroits du pays. Ce sont bien sûr les Chinois qui tirent le plus profit de ces récoltes miraculeuses en achetant toutes les productions pour ensuite les transformer et les vendre au Yunnan. Mais il n’est pas rare d’en trouver en France dans certaines épiceries fines.

Une mosaïque ethnique exceptionnelle

L’autre grande richesse de la province est l’incroyable diversité ethnique avec plus d’une vingtaine de minorités recensées, auxquelles il faut ajouter les sous-groupes : O’Pa, Phou Noï, Akkha, Khmu, Tai Dam, Thai Daeng, Yao, Leu, Hor, Hmong notamment. Vous apprécierez leurs cultures ancestrales et notamment leurs magnifiques costumes comme leurs coiffes ornées de fils d’argent, de piastres ou d’autres pièces d’argent, ainsi que leurs tuniques bariolés aux motifs complexes. Partir plusieurs jours en randonnée ou en trekking sur les sentiers qui sillonnent la montagne est une garantie d’en apercevoir. A compléter avec des nuits chez l’habitant, au plus près de ces peuples fascinants. Cela constituera un moment fort de votre voyage au Laos.

La rivière Nam Ou

Prenant sa source à l’extrême nord de la province de Phongsaly, à la frontière chinoise, la rivière Nam Ou traverse dans toute sa longueur, la province pour se jeter dans le Mékong au nord de Luang Prabang, au lieu-dit Pak Ou connu pour ses falaises abruptes dans lesquelles deux grottes sacrées renferment des milliers de statues de Bouddha, les fameuses grottes de Pak Ou.

La rivière Nam Ou a toujours joué un rôle important comme axe commercial et de communication dans la région. Pendant longtemps, naviguer sur la rivière permettait d’éviter des heures interminables de transport sur des routes improbables. Malgré les nombreux barrages construits sur la rivière par les Chinois, la Nam Ou reste en grande partie navigable. Et quel plaisir que c’est que de la sillonner pour de Phongsaly se rendre à Muang Khua puis de poursuivre vers les paisibles villages fluviaux de Muang Ngoi et Nong Khiaw.

Dévalant une multitude de rapides entre des massifs karstiques imposants, elle traverse impérialement des régions aux reliefs déchiquetés et éblouissants. Une rivière mythique, voie d’accès historique de la Chine et du Vietnam vers la capitale du Laos, Vientiane, que les citadelles calcaires empesées d’une végétation accablante aiment à voir couler à leurs pieds.